La réalité virtuelle connaît une renaissance spectaculaire. Le concept en lui-même n’est pas nouveau ; il y a plusieurs décennies que chercheurs et entrepreneurs planchent sur le sujet – avec plus ou moins de succès… Le site “The Verge” a même récemment consacré un passionnant dossier à cette épopée chaotique : The Rise and Fall and Rise of Virtual Reality.
Cependant, depuis 2013, les lignes ont sérieusement bougé. Des acteurs tels qu’Oculus et plus récemment Google (avec son « Cardboard ») sont sur le point de démocratiser la réalité virtuelle. Et cette fois-ci, il semble que ce soit pour de bon.
L’explication est simple : le coût d’accès aux technologies de réalité virtuelle a littéralement plongé ! Depuis l’arrivée de Google Cardboard, une boîte en carton à moins de 10 $ suffit à transformer n’importe quel smartphone en dispositif de réalité virtuelle. Vous pouvez même satisfaire vos envies de luxe avec une version plastique à 60 $ ;-)
L’accessibilité des technologies va faire exploser les usages de la réalité virtuelle
Simple, mais pas moins géniale, la petite boîte magique est née dans les bureaux parisiens de Google, grâce à deux ingénieurs, David Coz et Damien Henry. Inspirée du casque Durovis Dive, elle s’est vue propulsée sur le devant de la scène en juin 2014, lors de la conférence annuelle Google I/O. Depuis lors, plus de 15 millions d’applications compatibles cardboard ont été téléchargées. Le mois dernier, le New York Times a envoyé un million de cardboards à ses abonnés pour leur permettre de profiter de contenus exclusifs. Ce n’est que le début de la vague. Et elle s’annonce phénoménale.
Nous entrons dans une ère qui verra proliférer non seulement les technologies de visualisation – comme Cardboard – mais aussi celles permettant la création de contenus 3D, comme Jump, Giroptic ou encore l’application Cardboard Camera. Ces technologies vont faire exploser les usages de la réalité virtuelle, tout comme les smartphones ont fait exploser ceux de la photo et de la vidéo.
Un outil fantastique pour téléporter le visiteur… pendant sa visite
Chez GuidiGO, nous avons commencé à nous intéresser à ces technologies il y a un peu plus d’un an. L’idée était d’explorer les usages qui permettraient d’enrichir l’expérience des visiteurs de musées et de sites historiques, en complément des contenus existants. Nous avons mené plusieurs “hackathons” en interne pour tester de nouveaux concepts et prototyper de nouvelles interfaces. Après les premiers moments d’étonnement et quelques bons fous rires, (il faut un peu de temps au cerveau pour s’adapter à ces sensations inhabituelles) beaucoup de pistes passionnantes ont émergé. Au final, nous sommes tous arrivés à la même conclusion : la réalité virtuelle serait un outil fantastique pour téléporter un visiteur… pendant sa visite ! J’en entends déjà qui s’offusquent : “A quoi bon téléporter un visiteur ? Pourquoi ne pas le laisser simplement profiter de ce qui s’expose, pour de vrai, à ses yeux ?!” Pour nous, les deux expériences sont parfaitement complémentaires ; imaginez juste un instant les scénarios suivants (certains existent déjà concrètement) :
- Vous êtes dans une galerie d’histoire naturelle, devant le squelette d’un Triceratops. Soudain… l’animal prend vie ! Et vous voici ramené à l’époque du crétacé. Là, à votre droite… attention ! derrière vous… et même au-dessus de votre tête… tout autour de vous se meuvent d’immenses dinosaures. Vous vous sentez tout à coup bien petit.
- Vous êtes dans un musée consacré à l’histoire de l’aviation. ça vous dirait de prendre les manettes du fameux “Spirit of Saint Louis” ?… Autour de vous, la cabine de pilotage, ses instruments, son tableau de bord… l’espace d’un instant, vous devenez Charles Lindbergh ; devant vous, défilent le ciel et l’océan Atlantique.
- Vous visitez un site de bataille de la première guerre mondiale. Et vous voici plongé dans la boue d’une tranchée, au milieu des bruits et des soldats que vous voyez vivre tandis qu’ils vous racontent leur quotidien et leurs angoisses.
- Vous visitez l’Empire State Building. Aimeriez-vous partager l’ambiance du chantier pendant la construction de ce gratte-ciel mythique ? Autour de vous, les ouvriers s’affairent sur les poutrelles. Sous vos pieds, le New-York des années 30… Gare au vertige !
Ce ne sont bien sûr que quelques exemples. Chaque site sera libre d’inventer les usages susceptibles de faire rêver ses visiteurs : explorer le temple où se dressait cette statue antique ; visiter la reconstitution d’un site aujourd’hui disparu (Pompéi, la Bastille…) ; découvrir un lieu fermé au public (les grottes de Lascaux, le Bureau Ovale…)
La réalité virtuelle entraîne le visiteur au coeur d’une expérience immersive et sensorielle
Les musées d’art ne seront pas en reste. La réalité virtuelle pourra ainsi vous téléporter dans l’atelier de Renoir ou dans les jardins de Monet, à Giverny. Vous pourrez observer un artiste en pleine création ou l’écouter vous parler de son oeuvre. Les visites du futur vous permettront de découvrir des oeuvres d’un nouveau genre, mêlant réel et virtuel – ou plus original encore, elles vous transporteront carrément au coeur du tableau exposé ou de l’univers pictural de son créateur (comme ici, celui de Van Gogh)… parce qu’avouez-le : vous aussi, vous avez déjà rêvé de passer de l’autre côté de la toile ! Demain vous pourrez explorer une oeuvre de l’intérieur et côtoyer ses personnages. L’occasion d’assister, au beau milieu des invités, au couronnement de Napoléon ou aux noces de Cana… ;-)
Un autre usage ludique et pédagogique consistera à laisser le visiteur “déambuler” au coeur d’une frise chronologique grandeur nature, afin de situer une oeuvre dans son contexte historique et artistique.
Il y a fort à parier que ce nouveau paradigme ne sera pas sans conséquence sur la scénographie des musées où l’on peut aisément imaginer quelques casques de réalité virtuelle remplacer avantageusement de lourdes installations. Les casques pourront même être connectés entre eux pour permettre à un groupe de partager simultanément la même expérience.
La réalité virtuelle est encore en pleine évolution, mais une chose est certaine : elle offre des possibilités infinies. Elle permet non seulement de voyager dans le temps et l’espace, mais ouvre aussi des dimensions imaginaires sans elle inaccessibles, comme le contenu le plus intime d’une oeuvre. Elle entraîne le visiteur au coeur d’une expérience immersive et sensorielle extrêmement stimulante pour l’imagination et la mémoire, créant une connexion profonde et marquante avec l’objet de la visite.
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